lundi 5 août 2013

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Le capitaine était attablé dans le coin VIP du Sexy’s Dresd, un club de striptease chic dont la réputation s’étendait jusqu’aux systèmes voisins, mangeant et buvant les meilleurs mets du coin, accompagné de charmantes damoiselles.

Plongé dans ses songes il faisait le décompte de ses quelques heures d’escales et tout se déroulait pour le mieux jusqu’à présent. 

Le Technoprêtre Kernite’Greoss étant passé récupérer son colis, un petit cube de données cryptées, il venait de finir de rembourser le paiement de la dernière IA du Mindless au Mechanicum, qui adorait se servir de libres marchands indépendants et fiables pour transférer de façon discrète toutes sortes de technologie d’un monde à l’autre. Et la valeur de sa cargaison d’objets et de denrées rares s’enflammait grâce à la terrible concurrence que se faisaient les grandes familles marchandes pour offrir à leurs clients les plus précieuses et onéreuses marchandises. Un Guerdidon, un petit animal blanc très mignon, à mi chemin entre le bichon maltais et le ouistiti, dont les riches dames du coin raffolaient comme bêtes de compagnie, et qu’il avait réussit à dénicher pour deux millions de crédits, avait atteint en quelques heures le prix de treize millions de crédit. 

Une des effeuilleuses passa au stade supérieur du show, ce qui fit sortir le Capitaine de ses songes en soupirant. 

« Le paradis… » murmura-t-il avant de se laisser entrainer par ses hôtesses dans une soirée d’orgie intense.

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Il n’entreprit de rentrer sur le Mindless Traveler que le lendemain matin, à son réveil dans un salon privé du club de striptease.

Une limousine, mise à disposition par l’honorable maison ou il avait passé la nuit, l’attendait devant la porte. Dans cette dernière se trouvait une magnifique jeune fille aux longs cheveux noirs, engoncée dans une combinaison de cuir noire mat qui ne faisait qu’accroitre la superbe de ses délicieuses courbes. Un dernier cadeau de l’établissement délicatement laissé à la disposition des gros clients pensa-t-il. Il reviendrait. 

« Au spatioport menant au dock spatial deux point quatre s’il vous plait » lança-t-il au chauffeur, « et je ne suis pas pressé » continua t’il en s’attardant sur son cadeau de départ.

L’immense limousine noire aux huit roues s’élança alors sans un bruit vers sa destination.

Le capitaine pris tout son temps pour détailler chaque partie du corps de la délicieuse créature assise en face de lui.

De longs cheveux noirs brillant d’un soyeux éclatant, deux grands yeux bleus à qui l’on donnerait l’Empereur Dieu sans confession, puisse-t-il lui pardonner cet écart d’esprit, un petit nez aquilin, une bouche pulpeuse, une merveilleuse paire de seins comme il les aimait tant, un ventre plat légèrement musclé, une paire de holsters vide qui se détachait de ses cuisses athlétiques… 

Des holsters vides !!!

Le regard de Satif remonta immédiatement vers les bras de la demoiselle, appuyés avec une certaines désinvolture sur le dossier de la banquette en velours rouge de la limousine, au bout desquels deux fines petites mains gantées maniaient deux pistolets à aiguilles.

« Bonjour Capitaine Satif, avez-vous passé une bonne nuit ? » lui lança-t-elle en souriant.

Il croisa les bras et la regarda fixement dans les yeux.

« Le réveil est trop brutal à mon goût. Je me plaindrais lors de ma prochaine visite. »

« Vous essayez de détendre l’atmosphère Capitaine ? »

« On fait ce qu’on peut dans pareille situation. Que me vaut cette désagréable surprise Mademoiselle… Comment déjà, je ne me souviens pas que vous vous soyez présentée. »

« Mon nom n’a que peu d’importance, je suis ici pour louer vos services. Mon Patron a besoin d’un navire et le votre semble faire l’affaire. »

« Un navire de Rogue Trader, un des rares du système qui n’a aucune route préétablie, qui peut aller où il veut, quand il veut sans éveiller aucun soupçon. »

« Mon patron paye bien et aime la discrétion, le reste ne vous intéresse en rien. »

« Je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai une certaine morale, loin de là, mais je n’aime pas être menacé lorsque l’on me demande un service. »

« Je ne vous menace pas, Capitaine, ces armes ne sont pas encore pointées sur vous. Elles ne sont là que pour que vous preniez bien cette offre au sérieux. »

« Vous renseignez-vous sur les gens que vous abordez avant de les malmener ? J’ai bien l’impression que non. Si vous saviez réellement ce dont je suis capable, vous seriez venue avec tout un tas de collègues pour me faire votre petit numéro. Mais soit, mettons ça sur le compte de votre jeune âge Mademoiselle Quarte. »

« Comment … ? » fit-elle en pointant ses armes sur le libre marchand.

« Figurez vous que moi, je me renseigne sur les gens avec qui je traite. »

Elle s’emporta. « Comment avez-vous pu trouver cette information aussi rapidement, sans contacter qui que ce soit ? Dites-moi tout de suite où je vous fais sauter le caisson. »

« Figurez-vous, répliqua-t-il en se servant un grand cru local qui attendait dans une carafe en cristal dans le minibar du véhicule, que certaines études tendent à prouver que la perte de ses parents alors que l’on est encore très jeune entraine un risque bien plus élevé d’avoir des comportements violents. Je vous en sers un ? … non ? … Vous loupez une Reduc Grand cru vingt-six ans d’âge. Votre âge pour être précis. Est-ce votre cas Mademoiselle Quarte ? »

« Arrêtez de m’embrouiller » Elle le frappa violemment à la tête avec la crosse de l’un de ses pistolets, lui sauta dessus, s’agenouilla sur lui et posa le canon de son arme sur la tempe de sa victime. « Dites moi comment vous savez tout ça sur moi. »

« Et si vous saviez tout ce que je sais de plus. »

« DITES-MOI. »

Il la regarda droit dans les yeux et lui parla très lentement. « Je vais être gentil sur ce coup la, et vraiment très gentil car vous venez de me saccager un costume qui doit valoir votre solde de l’année, que vous m’avez fait renverser un vin qui en vaut le double et que vous tentez de me tuer. »

A cet instant, et en une fraction de seconde, la fenêtre de la limousine s’ouvrit et un drone volant aligna son arme sur la tête de Keira Quarte avant de tirer. La fenêtre se referma, le drone disparut dans les méandres de la cité ruche, Keira était étendu aux pieds d’un Rogue Trader qui se servait un nouveau verre d’une boisson qui valait bien plus que la vie de son otage.

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La limousine arriva au dock spatial deux point quatre et se gara entre deux camions de marchandises bâchés. Ces mastodontes aux roues énormes étaient déchargés par une quinzaine de gros bras sous la surveillance d’un homme en gabardine noire qui semblait donner les ordres, lui-même entouré d’une équipe hétéroclite d’hommes en armes qui devaient lui servir de gardes du corps.

Sagamor sorti de son véhicule, pris son air le plus hautain et le plus sur de lui puis avança vers l’immense entrée du dock spatial dans lequel l’attendait une navette cargo du Mindless. Il ne s’arrêta même pas devant celui qui semblait diriger l’équipe.

« Je suis le Capitaine Sagamor Satif, je mets le Mindless Traveler à votre service pour deux cent millions de crédits par semaine, tout compris. Il y a toutefois quelques conditions : Seuls trois de vos hommes auront le droit d’être armés, les autres devront entreposer leurs armes dans la soute prévue pour vos effets personnels. Certaines parties du vaisseau vous seront interdites d’accès. Je ne veux aucun détail sur ce que vous faites et je me réserve le droit de vous dire non à tout moment si mon intégrité physique ou celle de mon navire est en danger. »

Arrivé prés de la porte du dock à la fin de son monologue, il se retourna vers « le Patron », comme Keira l’avait appelé, et le regarda dans les yeux, attendant sa réponse. Ses quelques secondes de réflexion parurent une éternité tant les gros bras de l’homme en gabardine semblaient avides de faire taire le misérable avorton qu’était le Capitaine. Cette pensée le fit sourire. Ce dernier fouilla dans sa poche et en sorti un Crystal de données qu’il lança vers le libre marchand.

« Je vous le prends pour cent cinquante millions par semaine, voici trois mois d’avance ».

Satif savait aussi bien quand commencer que quand arrêter les négociations, il acquiessa de la tête en étant à deux doigts d’éclater d’un rire nerveux, non seulement du fait de s’en être sorti en empauchant un paquet de crédits, mais surtout du fait de la façon théâtrale dont il venait de jouer sa vie alors qu’il n’en menait pas large.

« Votre acolyte est inconsciente dans la limousine, ne l’oubliez pas, et la prochaine fois que vous requerrai mes services, envoyez moi plutôt un message crypté. »

Il se retourna pour insérer sa clef de sécurité et taper le code qui permettait d’ouvrir la porte du hangar.

Il regarda une dernière fois en direction de l’homme à la gabardine : « Au fait, une dernière condition : Je ne vous appellerai jamais « Patron » », puis fila se mettre au commande du cargo de transit.



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